Publié le 13-10-2025 | Aucun commentaire | dans Informatique Téléphonie | Retour à la liste des posts

La Free Software Foundation existe désormais depuis plus de 40 ans. Elle avait été fondée le 4 octobre 1985 par Richard Stallman et lutte inlassablement depuis pour promouvoir le logiciel libre, en établissant une différence très nette avec l’open source. « Le logiciel libre signifie que les utilisateurs ont la liberté d’exécuter, d’éditer, de contribuer et de partager le logiciel », indique ainsi que la fondation sur son site officiel. L’open source, qui consiste techniquement à voir les sources, n’entraine pas de lui-même ces libertés, tout dépendant de la licence accompagnant le code.
Pour fêter dignement cet anniversaire, la fondation avait organisé un évènement. De nombreux intervenants étaient présents, avec de nombreuses discussions sur le logiciel libre et des retours d’expérience sur certains projets, dont Debian, Trisquel et Emacs.
Un nouveau président et un téléphone libre
Ce 40ᵉ anniversaire était aussi l’occasion de faire quelques annonces importantes. La FSF a ainsi confirmé que Ian Kelling était le nouveau président de la structure. La fondation avait cependant annoncé la nouvelle deux jours avant dans un communiqué. Il prend ainsi la relève de Geoffrey Knauth, qui tenait la barre depuis 2020.
« Depuis qu’il a rejoint le conseil d’administration en 2021, Ian a fait preuve d’une compréhension claire de la philosophie du logiciel libre dans la technologie d’aujourd’hui, et d’une vision forte. Il reconnaît les menaces que représentent les technologies à venir, favorise la transparence, a joué un rôle important dans la conception et la mise en œuvre de nouveaux processus de recrutement du conseil d’administration, et a toujours adhéré aux principes éthiques. Il m’a également donné de précieux conseils dans des moments critiques, pour lesquels je suis très reconnaissant », a ainsi déclaré Geoffrey Knauth.
Zoë Kooyman reste la directrice exécutive de la fondation. Et c’est elle, justement, qui a fait la deuxième grande annonce : le LibrePhone. Il s’agira d’un téléphone entièrement libre, conçu depuis une page blanche. On n’en sait guère plus pour l’instant, sinon que le travail se fera notamment en partenariat avec Rob Savoye, développeur travaillant sur le logiciel libre depuis une quarantaine d’années lui aussi.
« Puisque l’informatique sur téléphone mobile est désormais si omniprésente, nous sommes très enthousiastes à propos de LibrePhone et pensons qu’il a le potentiel d’apporter la liberté du logiciel à de nombreux autres utilisateurs dans le monde », a déclaré Rob Savoye.
Pour Richard Stallman, les choses ne vont pas dans le bon sens
Dans une interview publiée ce 8 octobre par Linuxfr.org, Richard Stallman est revenu sur le cœur de sa mission et celle de la Free Software Foundation. De ce point de vue, rien n’a changé : il établit toujours un distinguo net entre open source et libre, revient sur la précision du vocabulaire à employer (« depuis vingt ans, je n’emploie plus “free” pour dire gratuit, je dis gratis »), la distinction autour du copyleft, ou encore la lutte contre les logiciels privateurs.
Cette dernière est bien sûr au centre des actions de la Free Software Foundation. La notion de logiciel privateur ne regroupe d’ailleurs pas seulement le code propriétaire. Il y inclut tout ce qui géolocalise les personnes, passe obligatoirement par des serveurs, analyse les données personnelles et ainsi de suite. Stallman insiste : « Tout programme privateur, fait toujours du mal à ses utilisateurs. Ma mission est de faire comprendre aux gens cette question ».
Il regrette d’ailleurs que Debian ait changé son fusil d’épaule en assouplissant sa ligne de conduite, en permettant notamment une installation plus simple des pilotes propriétaires depuis son dépôt « main ». Ce n’est toutefois pas exactement le cas : on peut installer des pilotes et firmwares non-libres depuis un dépôt dédié et activé par défaut, mais il s’agit de « non-free-firmware ». Mais ce choix a quand même conduit la Free Software Foundation à ne plus recommander Debian.
Dans l’ensemble, après 40 ans de lutte, Richard Stallman se dit déçu du résultat. La situation générale se dégrade selon lui, notamment « la direction que prennent les choses ». Il encourage d'ailleurs les Français à « exiger que les services numériques de l’État respectent le logiciel libre. Spécifiquement, qu’ils cessent de transmettre des programmes privateurs à exécuter sur la machine des utilisateurs, et qu’ils respectent davantage l’anonymat des individus. Parce que les données personnelles, une fois collectées dans une base, finiront par être abusées, peut-être même par l’État ».
Article repris sur le site next.ink, rédigé par Vincent Hermann.
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